Premier (et dernier ?) cours de l'année [commun]

Il était environ huit heures du matin (quand il se leva). Qui était l'abruti qui avait décidé un jour que les cours devaient commencer à une heure aussi indécente ? Se demanda Hartmut pour la quelque dix millionnième fois de son existence. Il étouffa à peine l'énorme bâillement qu'il lâcha paresseusement. Bah de toute façon, bâiller c'était bon pour s'aérer le cerveau il paraît. Même si s'aérer le cerveau c'était sans doute la dernière chose dont il avait besoin (son cerveau ne contenait pas grand chose pour commencer). L'heure qu'affichait son réveil était quelque peu inquiétante. Il était presque certain d'avoir eu un cours quelque part casé environ à cette heure-ci. Et d'ailleurs, l'énorme post-it rouge collé sur son réveil était sans doute un signe indicateur assez clair. Bah, de toute façon, quand il était trop tard, ça servait à rien de se dépêcher voilà. Et puis si ça se trouve, il était pas le seul à avoir oublier qu'il y avait cours ce jour-là ( <- il se cherche des excuses). Moui, il pouvait bien se recoucher cinq minutes. Il était plus à cinq minutes près...

Bref, à l'heure à laquelle il arriva enfin dans sa salle de cours, eh bien, il n'était plus du tôt huit heures, pour tout dire. C'était même passé depuis très longtemps mais peu importe. Ca ne l'avait pas le moins du monde empêché d'arriver le plus naturellement possible comme s'il n'avait pas eu au moins trois bon quarts d'heure de retard. Une fois entré dans la salle, Hartmut s'installa le plus lentement du monde à son bureau, ignorant totalement ses élèves, du moins si élèves il y avait, parce que depuis le temps, les trois quarts devait s'être barré en pensant qu'il ne viendrait pas (il ne venait qu'une fois sur deux). Pas pressé le moins du monde de débuter son cours, il se versa tranquillement son café, ajoutant une moitié de boîte de sucre avec. Il détestait le café à vrai dire, mais ne survivrait pas sans sa dose de sucre journalière. Et le sucre, bah ça se buvait pas tout seul, alors il prenait le café avec.

- Bon, tout le monde est là ? Je vois, super, enchaîna-t-il sans même attendre de réponse.

La moitié de la classe aurait pu manquer, il ne l'aurait sans doute pas remarquer. Pas son problème. De toute façon, il n'était pas moins payé même si deux ou trois mioches venaient à manquer, alors quelle importance ? Et puis avouons-le, qui ça intéressait de connaître la définition d'une prise électrique ? Cette matière était déjà franchement inutile en soi, il s'en fallait peu pour qu'il s'endorme en plein cours (moui et en plus c'était lui le prof).

Et puis il en était où dans le programme ? Y avait-il un programme ? Depuis qu'il était en service, il n'en avait très certainement jamais eu connaissance. Les cours d'Hartmut se déroulaient de la façon suivante : il arrivait en cours avec une marge plus ou moins grande de retard, et selon son état (réveillé ou non, bourré ou non) il lisait parfois quelques passages du manuel fourni par l'école, laissait ses étudiants bosser seuls ou chahuter pendant qu'il lisait un magazine quelconque en fumant une clope (prétendant sans aucune conviction que c'était une cigarette pour les plus chipoteurs des élèves).

L'année scolaire venait à peine de commencer et il avait déjà (re)perdu ses repères. Dire qu'il s'était si facilement habitué à sa petite routine de vacances (c'est à dire ne rien foutre de la journée, zapper la télé, dormir, manger, dormir, faire un tour dans le parc pour roupiller au soleil, faire un tour au cinoche pour s'endormir dans la salle, rentrer et dormir). Et donc, ne sachant pas par quoi commencer, il regarda ses élèves dans le blanc des yeux pendant au moins deux bonnes minutes en sirotant son café (imbuvable pour tout humain sain d'esprit). Que faire, mais que faire ?

- Faites ce que vous voulez, soupira-t-il avant de laisser tomber sa tête sur la table.

C'est malin, il avait pas assez dormi.

Encore un matin ou Peter, comme son professeur ne s'était pas gêné pour le faire, aurait pu s'abstenir de se lever. A force, il devrait le savoir, pourtant, Hartmut était un tire-au-flanc multirécidiviste. Le nombre de fois où il était arrivé en retard en cours, ou n'était pas venu du tout était absolument hallucinant. La plupart des étudiants avaient tout simplement rayé cette matière de leur emploi du temps, histoire de pouvoir dormir un peu plus, et ils faisaient sans doute bien, déjà parce que le prof était rarement là et toujours en retard, ensuite, parce qu'il n'avait jamais pris la peine de faire l'appel une seule fois depuis le début de sa carrière ô combien affligeante, et enfin, parce qu'on apprenait vraiment rien dans ce cours, c'était désespérant. C'était à se demander de quel vieille poubelle ils avaient bien pu tirer cette ordure incroyablement molle et inutile.

Un sacré manque de pot pour Peter, pour qui l'étude des moldus était la seule matière où il était capable de briller un tant soit peu... puisque son père était moldu, et que cette culture n'avait pas beaucoup de secrets pour lui. Arrivé en troisième année, Peter avait été très enthousiaste à l'idée de commencer l'étude des moldus, convaincu que cette matière allait remonter sa moyenne, puis son enthousiasme était retombé tel un soufflé délaissé au dessus d'une armoire (admirez la comparaison qui sert à rien) quand il avait découvert son professeur. Un glandeur. Pur jus. Voir plus qu'un glandeur, Peter n'avait jamais vu d'individu de son espèce auparavant. Il était incroyablement... inerte, comme s'il était né avec dix fois moins d'énergie que l'être humain normalement constitué. Et avoir ou non des notions d'étude des moldus en arrivant dans ce cours n'était pas franchement utile, au final, puisque le prof donnait ses notes au pifomètre, et qu'il était rare que ce soit lui qui corrige les copies. C'est malin. Mais bon, Peter se consolait en se disant qu'aux BUSE, il aurait sans doute un professeur un peu plus compétent pour examinateur (à moins que tous les professeurs d'étude des moldus du monde entier soient de sinistres imbéciles, flemmards et profondément inutiles), et qu'il s'en tirerait peut-être avec au moins un E (il vaudrait mieux, il comptait là-dessus pour rattraper tous les Troll qu'il risquait fort de se prendre autrement).

Pourquoi prenait-il encore la peine d'assister à ces cours, alors, s'il les trouvait si inutiles et puisqu'il n'avait aucune raison véritablement valable de le faire? Eh bien, déjà, parce qu'il faut bien que quelqu'un réponde à ce rp, et ensuite, parce que l'incompétence d'Hartmut amusait beaucoup Peter. Pendant que bon nombre de serdaigles ultra-studieux, qui se forçaient à continuer de suivre le cours par principe s'exaspéraient toutes les cinq minutes quant à l'attitude du professeur aux cheveux décolorés, Peter voyait surtout matière à en rire. Après tout, il était certain qu'ils ne rencontreraient jamais d'autres professeurs comme lui au cours de leur scolarité. D'accord, certains autres professeurs frisaient aussi le cas social (notamment Slughorn et son obsession maladive des clubs d'élite inutiles - auxquels Peter n'avait bien évidemment jamais été invité), mais quand même, il fallait bien admettre qu'Hartmut mettait la barre très haut. Chaque cours était une sorte de spectacle. Et au fond, ce n'étaient de loin pas les cours les plus désagréables de ses semaines, le prof les laissait faire à peu près tout et n'importe quoi, c'était une sorte de cours récréatif, en gros, alors c'était plutôt sympa.... et puis, ça donnait quelques espoirs à Peter. Si un type comme Hartmut avait réussi à s'en sortir dans la vie, lui-même devrait y parvenir, non? (non).

Oui, voilà pourquoi Peter prenait encore la peine de rester 45 minutes à attendre l'arrivée du professeur d'étude des moldus au lieu de repartir se coucher, parce qu'il était toujours curieux de savoir quelle attitude (forcément lasse et fatiguée) Hartmut allait adopter, et ce qu'ils allaient avoir à faire ou à ne pas faire.

...Cette fois ci, en l'occurrence, ils n'allaient rien faire du tout, le grand Hartmut avait décidé, et cette décision satisfaisait amplement Peter, qui n'avait de toute façon pas particulièrement l'envie de bosser (comme d'habitude). Il ne se chercha pas d'activité profondément stimulante, il préféra coller sa joue contre la table face à lui et piquer un bon somme en attendant que la cloche sonne. Enfin un cours où il était possible de dormir sans que le prof ne vous en tienne rigueur (trop occupé à dormir, lui aussi), qui donc étaient les idiots qui trouvaient à se plaindre de cela? Ok, ils apprenaient pas grand chose, mais c'était chiant, d'apprendre. Ils pourraient toujours bosser plus tard, voilà.